L’association Causons agit pour l’inclusion socioprofessionnelle des personnes migrantes et réfugiées par l’échange linguistique et culturel. À travers des cours de langues donnés par les personnes exilées, des activités événementielles et des interventions auprès d’organisations publiques et privées, Causons souhaite revaloriser les cultures par l’ouverture, tout en assurant une meilleure compréhension des réalités de l’immigration.

Il s’agit de repenser l’insertion par la création d’une communauté associative solidaire et égalitaire. Le principe fondateur de l’association est donc de renverser le rapport aidant/aidé qui s’installe fréquemment entre la société d’accueil et les personnes migrantes et réfugiées en valorisant leurs savoirs et leurs cultures et en leur permettant de monter en compétence à travers la formation à l’enseignement, l’organisation d’événements culturels et la formation d’un parcours professionnel.

Des cours de langues collectifs de langues arabe, persane, turque, russe, anglaise, espagnole, bamabara sont organisés par nos enseignant·es natif·ves formé·es, accompagné·es et rémunéré·es.

Une communauté pensée solidaire par une redéfinition des termes

Comment envisager la solidarité à travers l’usage de mots profondément inégalitaires ? Comment imaginer un discours égalitaire par l’utilisation de termes portant toute leur hiérarchie et altérité ? Causons a donc entrepris une refonte de son vocabulaire , souhaitant effacer cette dualité entre “eux” et “nous” et rendre compte de la pluralité des identités présentes chez chacun·e.

L’autre n’est pas un statut juridique, ni une origine, ni une langue. L’autre est une personne dotée d’identités plurielles devant être prises en compte sans pour autant hiérarchiser au sein de la communauté créée, les individus. Le vocabulaire associatif est redéfini pour le refléter.

Les cours s’organisent ainsi entre enseignant·e et apprenant·es (et non pas entre professeur·e et élève) et se fondent sur l’interaction : l’apprenant·e vient apprendre non seulement une langue, mais aussi une culture dans un échange réciproque, égalitaire et non pas hiérarchisé.

Des personnes bénéficiaires pleinement impliquées dans la méthode associative

Selon notre méthode associative, les personnes exilées ne sont pas dans une relation d’aide. On n’oeuvre pas « pour » mais « avec » les personnes bénéficiaires. Chez Causons, les activités sont initiées, organisées par les personnes exilées et concernées. Les membres de l’association n’interviennent qu’en tant que support. Toutefois, la co-construction invite également au dialogue entre tous les membres participant à l’organisation de l’activité. En bref il s’agit de réfléchir ensemble à partir d’une idée donnée par un processus de décision égalitaire par des prises de décisions des personnes bénéficiaires.

Se réapproprier l’interculturalisme

Causons cherche à construire des relations égalitaires entre personnes exilées et non-exilées. Le projet n’appréhende pas l’intégration par l’apprentissage du français, l’acquisition de codes et de la culture française : la structure s’adapte aux besoins des bénéficiaires et non pas le contraire. L’approche de Causons prend en compte la pluralité des identités présente chez une personne, ne cherchant pas à mettre en avant le statut ou qualificatif de réfugié, migrant, demandeur d’asile etc., mais la dimension humaine et culturelle de la personne. Elle est fondée sur l’interculturalisme, dans sa définition première :

une dynamique d’échange entre “des groupes de cultures diverses” afin de “de créer des expressions culturelles communes à travers le dialogue et le respect mutuel”. (UNESCO).

Ce n’est qu’une fois que les bases d’une communauté associative réellement solidaire et égalitaire sont posées, qu’une insertion viable et digne peut être envisagée. Le travail d’enseignant·e proposé par Causons n’a pas vocation à être permanent : c’est un tremplin vers l’insertion et un emploi pérenne suite au parcours dans l’association. Il s’agit dans un premier temps de mettre en avant la personne dans toute sa dimension culturelle et humaine par un emploi valorisant et rémunéré ainsi que de co-créer une vie associative où il·elle peut contribuer en toute liberté . L’accompagnement est individuel et personnalisé, et bien plus qualitatif. Chaque projet doit pouvoir être accompagné par les ressources matérielles mobilisables de la structure, une expertise et un soutien inconditionnel des membres de la communauté.